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Daniel Humair, Joachim Kühn, Tony Malaby Date. 01/2008
Full Contact Label. bee jazz
 
Crédits
Daniel Humair .percussions
Joachim Kuhn .piano
Tony Malaby .saxophone ténor
 
 

description
Dans les projets musicaux auxquels j’ai participé depuis de nombreuses années, j’ai toujours été concerné par le rôle de la percussion quant à la texture de l’ensemble et à la participation mélodique de mon instrument, plutôt destiné généralement à fournir une pulsation rythmique de soutien.
Lorsque l’on se trouve “en manque” d’instruments mélodiques dans une formation à géométrie inhabituelle, par exemple sans piano — qui, par son amplitude et sa longueur, permet un jeu de batterie plus aéré, ou sans contrebasse, soutien quasi indispensable à l’équilibre par la couche de notes graves tenues et par la rondeur de sa pulsation —, le percussionniste est contraint à un “remplissage différent” l’obligeant à reconsidérer l’approche de son instrument par plus d’activité, particulièrement au niveau des fréquences graves et de la variété de ses timbres sonores avec une lisibilité exacerbée. Lors de cet enregistrement, nous avons trouvé je crois, une texture de trio très particulière et cela grâce à l’amplitude et la puissance du jeu de Joachim Kühn, et au bagage énorme d’improvisateur, je devrais dire “instant composer”, de Tony Malaby. Pour ma part, j’ai pu m’avancer librement vers un jeu plus fluide, ponctuel, plus en couleurs sans avoir à assurer un tempo précis car nous sommes en permanence concernés par l’articulation jazz de nos improvisations et l’écoute attentive du discours tout en restant proche des compositions et cela avec une pulsation bien établie mais sous-entendue. En visitant dernièrement une exposition d’estampes du grand artiste américain Jim Dine, j’ai remarqué l’extrême richesse de ses textures et l’originalité de sa façon à faire tenir au premier plan un sujet, souvent familier, voire anecdotique, toujours en équilibre avec les propositions et les accidents (contrôlés) de la matière des fonds en second plan. La lecture de son travail est difficile et nécessite un temps d’adaptation de par l’originalité des multiples cheminements menant à la finalité de l’œuvre. Cette méthode de travail correspond bien à la nôtre et l’une des compositions de cet enregistrement lui est dédiée. J’étais impatient de collaborer à nouveau avec Joachim Kühn compositeur de plusieurs pièces majeures, et Tony Malaby. La couleur sonore de notre trio, fidèlement reproduite par la prise de son magnifique de Gérard de Haro, le traitement aléatoire des compositions, l’option de laisser les choses se faire sans préméditation, et la volonté de “trioter” vers un collectif “in progress” nous ouvrent des portes nouvelles et nous sommes impatients de continuer notre collaboration. J’espère que notre travail saura vous intéresser. (Daniel Humair)